Cibles · n°588 · Mars 2019

SOMMAIRE

· ANTAC : La carte du collectionneur (1ere partie), par Gaston DEPELCHIN, pour l'ANTAC

· INTERNET : Spécial fusils lisses semi-auto, par Gaston DEPELCHIN

· ARMES DE POING : Taurus Raging Bull .44 Magnum, par Guillaume ALEXANDRE

· ARMES DE POING : Pistolets Hudson H9, par Julien LUCOT

· TIR SPORTIF : ISR : l'avenir du tir au fusil d'ordonnance ?, par Olivier SIGRIST

· ARMES D'EPAULE : LMT-MARS-L, fusil d'assaut de la Nouvelle-Zélande, par G. KAMPENEERS

· PISTOLET-MITRAILLEURS : PM hongrois 39 M et 43 M, par Jean HUON

· REPORTAGES : IRCGN : le labo de la gendarmerie, par VBT 

· MUNITIONS : H&C : recharger la 12 à broche, par Didier BIANCHI

· TECHNIQUES : La mode n'est plus aux rayures !, par Victor NOLIN

· CARABINES D'ENTRAÎNEMENT : DSM-34 .22 LR, par Bruno GUIGUES

· MUSÉES : Musée d'Histoire militaire du Luxembourg, par Arnaud BEINAT

et comme dans chaque numéro, retrouvez :
· les dernières INFORMATIONS
·
vos PETITES ANNONCES
· le CALENDRIER DES ARMES
· les derniers OUVRAGES des Éditions Crépin-Leblond
· une sélection des meilleurs LIVRES sur les armes

EDITO

« Le gouvernement va saisir les armes des Français ! » : fausse rumeur, mais vrai problème…

Début janvier 2019, une circulaire émanant soi-disant du ministère de l’Intérieur et diffusée sur un site internet, a été reprise sur la plupart des forums français d’armes et de tir.

Adressée aux préfets, il y était indiqué que « …au vu de la gravité de la situation actuelle … vous voudrez bien mettre en place sans tarder les dispositions pratiques nécessaires à la saisie de toutes armes des catégories B, C et D… etc. ». A l’évidence, il s’agissait pour l’auteur de ce « hoax » (i.e : canular informatique) de jeter de l’huile sur le feu, dans le contexte tendu résultant de l’agitation des « gilets jaunes » et des graves désordres vus à Paris lors des manifestations de décembre 2018. Plusieurs démentis ont rapidement suivi, émanant de préfectures interrogées par les fédérations de chasseurs et les clubs de tir.

Ce genre de tentative n’est pas nouveau mais certains internautes ont réagi au quart de tour : les « je vous l’avais bien dit », « depuis le temps qu’on en parle », « le gouvernement jette le masque », etc., n’ont pas manqué. Si cette fausse nouvelle a fait long feu, elle a cependant ravivé une crainte lancinante chez de nombreux détenteurs d’armes légales : cela pourrait-il arriver ? La réponse réside, pour partie, dans le Code de la Sécurité intérieure (art. L 312-1) qui prévoit que le représentant de l’Etat « peut … ordonner à tout détenteur d’une arme de s’en dessaisir ».

En pratique, qu’en serait-il ? Il existe en France plusieurs millions d’armes légales de cat. A, B et C (chasse, tir, collection) complétées de leurs munitions, appartenant à environ deux millions de citoyens et diverses personnes morales (dont les associations affiliées à la FFTir). On imagine mal que les Forces de l’ordre puissent se rendre physiquement chez chaque détenteur : tout « ramassage » serait notifié par courrier aux personnes fichées dans AGRIPA, portant injonction de déposer leurs armes et munitions au commissariat de police ou en gendarmerie. Dans un premier temps, seraient concernées les armes de cat. A surclassées par le décret du 29.06.2018, et celles de cat. B. Pour l’essentiel : armes de poing et armes d’épaule semi-auto. Les armes de cat. C, dont relèvent maintenant les fusils de chasse, suivraient en temps utile. Le tout, évidemment, assorti des foudres de la Loi en cas de non exécution. Les conséquences en seraient pour le moins intéressantes (ce qui est une litote) :

- Comment ces matériels seraient-ils inventoriés, identifiés au nom de leur propriétaire et, surtout, quid du stockage en matière de sécurité ? On imagine l’attrait que pourraient exercer ces stocks de plusieurs milliers d’armes entreposés dans des locaux faiblement défendus, sur des terroristes et/ou de « vrais » hors-la-loi. En cas de vol, l’Etat se trouverait alors avoir armé les réseaux dont il prétend protéger les citoyens… Ses options seraient donc limitées : en confier la garde à l’armée (qui a d’autres missions) ou les détruire, ce qui réglerait à la fois le risque de vol et la contrainte d’entretien (!).

- Quid de la conservation des armes ainsi confisquées (humidité) ? Cette préoccupation ne serait évidemment pas prioritaire, non pas faute de moyens mais pour cause de destruction programmée (et pas forcément annoncée).

- Quelles seraient les réactions des citoyens ? Là encore, on peut parier que la grande majorité obéirait, seule une minorité prenant le risque de fausse déclaration (perte ou vol) ou de refus d’obtempérer, quitte à affronter la machine judiciaire qui n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’elle s’en prend à ce genre de « délinquants » issus des classes moyennes… dont le travail la nourrit, via l’impôt.

- Quid des armes détenues par les armuriers et importateurs ?

- Et quelles seraient les conséquences juridiques de cette spoliation : indemnisation, modalités de restitution ? On peut rêver, car le droit de propriété est quasi-inexistant en matière d’armes et il ne faut pas compter sur le Conseil constitutionnel ni sur les juridictions européennes pour le protéger.

En fait, tout ceci relève de la politique-fiction car une saisie généralisée serait contre-productive en matière électorale et le désarmement des Français est déjà en cours : il progresse lentement mais sûrement, en retirant à chaque nouveau texte (notamment via la Commission européenne) un espace de liberté aux détenteurs légaux. Et comme il est peu probable que cela change, on peut facilement en prédire l’issue : à terme, seuls seront armés ceux qui ne respectent pas la Loi.

Bruce MALINGUE

EXTRAIT DU BANC D'ESSAI : LE PISTOLET HUDSON H9